Le virus Zika est un agent infectieux qui s’attrape par la piqure d’un insecte, le moustique tigre (Aedes aegypti et Aedes albopictus).
Le moustique tigre, vecteur du virus Zika, est également le vecteur du virus de la Dengue, du Chikungunya et de la fièvre jaune.
Le virus Zika tire son nom d’une forêt située au sud de Kampala, la capitale de l’Ouganda, endroit où il a été découvert pour la première fois sur un singe Rhésus, en 1947.
C’est en 1952 que ce virus a été isolé pour la première fois chez l’espèce humaine, à l’occasion d’infections sporadiques.
Arrivée à l’âge adulte, pour assurer sa reproduction, la femelle du moustique tigre pique les animaux ou êtres humains pour prélever leur sang. En effet, le sang contient les protéines nécessaires à la maturation de ses œufs. C’est ainsi que la femelle du moustique tigre, en piquant une personne infectée, contracte le virus Zika et reste infectée et contagieuse tout au long de sa vie. Cette séquence est répétée plusieurs fois au cours de la vie du moustique et ainsi, un seul moustique peut piquer et transmettre la maladie à de nombreuses personnes.
Le mode de transmission habituel se fait par la piqure de la femelle du moustique tigre.
Quelques cas isolés de transmission par voie sexuelle ont été rapportés. Un premier cas par ce mode de transmission a été reconnu par les autorités en France le 27 février 2016. Il s’agissait d’une femme qui n’était pas enceinte et qui a été contaminée par son compagnon, qui revenait du Brésil. Ce couple réside en Ile-de-France.
Depuis que le virus Zika a été découvert en 1947, il évoluait par des cas sporadiques, le plus souvent totalement méconnus. Depuis 2014 les cas sont devenus de plus en plus nombreux, à l’origine d’une véritable épidémie.
Plusieurs facteurs semblent intervenir dans le développement de cette épidémie :
Pour toutes ces raisons, il semble que des cas puissent également apparaitre au sud de la France et de l’Europe durant le printemps et l’été, de manière sporadique.
La présence du virus Zika s’intensifie depuis début 2016 tant dans les territoires d’outre-mer qu’en France métropolitaine. Le 19 février 2016 l’Institut de veille sanitaire déclare : ” En métropole : entre le 1er janvier et le 19 février 2016, une infection à Zika virus a été confirmée biologiquement chez 66 personnes revenant de zone de circulation du virus Zika, dont 5 femmes enceintes et 1 cas de complications neurologiques.
Elle correspond au délai entre la contamination par le virus et l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Elle varie de 3 à 12 jours.
La plupart du temps, l’infection à virus Zika reste asymptomatique (environ 80% des cas). Parfois, elle peut se traduire par des symptômes le plus souvent bénins (appelés « Fièvre Zika »). Les symptômes apparaissant quelques jours après la piqûre par le moustique infecté et disparaissent généralement après 2 à 7 jours :
Ces symptômes sont spontanément résolutifs.
Les personnes infectées deviennent porteuses du virus dans leur sang pendant quelques jours, et lorsqu’elles sont piquées par un moustique sain, elles lui transmettent le virus à leur tour.
Le diagnostic clinique est difficile car les signes de la maladie sont peu spécifiques.
Le diagnostic biologique (diagnostic indirect) repose sur la recherche d’anticorps de type IgM dirigés contre le virus Zika dans le sérum par méthode immuno-enzymatique ELISA.
Le diagnostic de certitude (diagnostic direct) repose sur la technique RT-PCR ou sur la culture cellulaire.
Le génome du virus Zika peut être détecté aussi bien dans le sérum que dans les urines. Sa présence est brève dans le sang (virémie), et plus longue dans les urines (virurie).
Le virus Zika peut être détecté dans le sang le plus souvent dans les deux ou trois jours après le début des signes cliniques (virémie). Dans les urines, le virus peut être retrouvé jusqu’à 2 à 3 semaines après le début des signes cliniques.
Un résultat positif de RT-PCR (reverse transcription polymerase chain reaction) dans le sang ou les urines confirme le diagnostic, mais un résultat négatif n’infirme pas le diagnostic.
On peut donc supposer qu’une personne ayant été infectée par le virus Zika n’est plus porteuse du virus 3 semaines après le début des premiers signes cliniques.
Source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
Une femme désirant une grossesse et ayant été infectée par le virus Zika ne serai donc plus à risque de transmission fœtale 3 semaines après le début des signes cliniques. Il en est de même pour le risque infime de transmission du virus Zika par voie sexuelle chez une personne infectée.
La démarche diagnostique d’une infection à virus Zika est la même chez la femme enceinte que dans dans la population générale.
Remarques :
L’infection à virus Zika est le plus souvent bénigne, rarement mortelle. Elle peut cependant probablement provoquer des complications graves en cas de grossesse
L’OMS reste prudente quant au lien entre le virus Zika et les microcéphalies qu’elle qualifie d’une « association possible » et déclare le 19 février 2016 que quatre à six mois seront encore nécessaires pour parvenir à une conclusion.
Des chercheurs des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont publié le 13 avril 2016 dans le New England Journal of Medicine les faisceaux d’arguments confirmant que ce virus provoque la microcéphalie et les autres formes de malformations congénitales observées chez des enfants nés de mères infectées.
Lorsque le virus est contracté au premier ou au deuxième trimestre de la grossesse il pourrait être responsable de malformations fœtales et notamment d’une microcéphalie (plusieurs cas suspectés au Brésil) ou de dysfonctionnements néonataux du tronc cérébral (plusieurs cas suspectés en Polynésie française).
Ce constat a été fait suite à l’augmentation concomitante de ces cas de malformations et de la propagation du virus Zika.
Depuis début février 2016, une équipe de chercheurs argentins suspecte l’incrimination d’un insecticide dans la survenue des ces malformations. Leur hypothèse se repose sur le fait de l’utilisation à grande échelle du Pyriproxifène, pesticide utilisé depuis dix-huit mois au Brésil et censé protéger contre la propagation de la Dengue en éliminant les larves du moustique tigre.
Un nouveau né atteint d’une microcéphalie peut en mourir dans les cas les plus graves, ou garder des séquelles neurologiques graves et irréversibles.
De ce fait, certains pays de l’Amérique latine conseillent d’éviter toute grossesse dans les zones et périodes à risques, et d’autres pays, conseillent aux femmes enceintes d’envisager le report de tout voyage vers les zones et pays considérés comme à risque. Ces recommandations sont celles données par la France depuis le 15 janvier 2016.
Un premier cas connu en Europe de femme enceinte contaminée par le virus Zika a été déclaré le 4 février 2016. Cette femme l’aurait contracté en Colombie et son cas a été diagnostiqué à son retour en Espagne, là où elle vit.
L’institut Pasteur publie dans la revue The Lancet du 15 mars 2016 les résultats d’une étude rétrospective analysant les données de l’épidémie Zika survenue entre 2013 et 2014 en Polynésie française. Ainsi, l’institut Pasteur quantifie le risque de microcéphalie associée au virus Zika après modélisation mathématique à environ 1% pour un fœtus / nouveau-né dont la mère a été infectée au cours du premier trimestre de la grossesse (le risque de survenue de microcéphalie étant de 0,02% dans la population générale).
Les résultats d’autres études sont en attente afin d’affiner ces estimations.
Afin de réduire le risque de contracter le virus Zika, plusieurs mesures sont à prendre :
Il n’existe pas à l’heure actuelle de vaccin contre le virus Zika.
Dernières recommandations de l’agence de biomédecine.
Afin d’éviter tout risque de transmission du virus par transfusion de sang, une personne revenant d’une zone endémique ne peut donner son sang que minimum 28 jours après son retour sur l’Hexagone.
Dans les départements français d’Amérique, tous les dons du sang sont testés au Zika au même titre que les autres maladies infectieuses transmissibles par cette voie.
Pour les voyageurs de retour de zones endémiques, l’Agence de Biomédecine recommande de « différer les dons de gamètes et les prises en charge en PMA sur une période de 28 jours après le retour de la zone à risque » ainsi que la réalisation d’un dépistage sur le sperme avant le don ou la prise en charge en PMA.
Pour ce qui est des départements français d’Amérique, les dons de gamètes et les tentatives d’AMP devraient être différés.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement curatif.
Il s’agit de traiter les symptômes de la maladie comme les douleurs par des antalgiques, et comme la fièvre par des antipyrétiques.
Pour les femmes enceintes malades il est recommandé d’effectuer une échographie obstétricale afin de dépister les malformations du système nerveux central du fœtus et le cas échéant de proposer une interruption thérapeutique de grossesse.
La France est directement concernée par la présence du virus et du moustique tigre en Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint Martin et à Tahiti.
C’est le 29 janvier 2016 que l’Institut de veille sanitaire a transmis un premier bilan recensant les 5 premiers cas depuis le début de l’année ayant contracté le Zika dans une zone touchée et rentrés en métropole avec les symptômes de la maladie.
Le 07 février 2016, un deuxième bilan fait état de 18 cas importés dans l’Hexagone.
Aucun cas d’infection contractée sur le territoire “France métropolitaine” n’a en revanche à ce jour été recensé, mais le risque théorique existe bien du fait de la présence d’une variante « tempérée » du moustique tigre présente dans le sud de la France et pouvant probablement porter le virus Zika.
Si vous n’êtes pas enceinte, il est recommandé d’avoir une contraception efficace pour éviter la survenue d’une grossesse.
Pour les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse vivant dans des zones indemnes de virus Zika (France métropolitaine) et qui partent dans des zones où sévit le Zika, il est fortement recommandé :
L’apparition des premiers symptômes peut survenir jusqu’à 12 jours après votre retour d’une zone endémique (période d’incubation).
A ce jour :
Il est recommandé de revoir votre médecin afin de lui signaler votre séjour en zone à risque, afin d’obtenir une information sur le risque de survenue d’une microcéphalie et sur les modalités spécifiques du suivi de votre grossesse.
Le risque de survenue d’une microcéphalie fœtale est actuellement estimé à environ 0,5% lorsque le virus est contracté au premier ou au deuxième trimestre de la grossesse. Ce taux de risque pourra être adapté à la lumière de nouvelles études épidémiologiques.
Votre médecin mettra en place une surveillance échographique cérébrale fœtale mensuelle, même si vous êtes asymptomatique. Une sérologie virus Zika est effectuée 30 jours après le retour d’une zone à risque. Si le résultat est négatif, arrêt du suivi spécifique.
Toute femme enceinte suspecte d’une infection par le virus Zika (exanthème maculopapulaire avec ou sans fièvre avec au moins deux des symptômes suivants : hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies en l’absence d’une autre étiologie) doit être adressée en consultation d’urgence obstétricale ou consulter sans délai un gynécologue de ville, pour un bilan étiologique complet, selon le protocole de chaque réseau de périnatalité.
The New England Journal ouf Medicine 13 avril 2016
The Lancet 15 mars 2016
Pregnancy management in the context of Zika virus OMS 2 mars 2016
Conseil national professionnel de Gynécologie et Obstétrique 3 février 2016
Centre pour le contrôle et la prévention des maladies 3 février 2016
Organisation mondiale de la santé 25 janvier 2016
Haut conseil de la santé publique 20 janvier 2016
Direction générale de la santé 15 janvier 2016
Organisation panaméricaine de la santé
Institut national de prévention et d’éducation pour la santé 28 décembre 2015