Mon frottis cervico-utérin est revenu anormal. Un complément d’examen a été effectué (Typage viral) et montre la présence d’un virus HPV 16 ou HPV 18. Mon test HPV de dépistage est revenu anormal et montre la présence d’un virus HPV 16 ou HPV 18. Mon gynécologue me convoque pour une colposcopie. Dois-je m’inquiéter ?
Les virus HPV (Human Papilloma Virus ou Papillomavirus humain) constituent une famille de virus qui a un tropisme (une attirance) pour la peau et les muqueuses.
Plus de 120 génotypes ont été décrits à ce jour, chacun d’entre eux étant représenté par un nombre. Plus de 40 de ces génotypes peuvent infecter les organes génitaux.
Ainsi, en fonction du potentiel de provoquer un cancer, les génotypes ont été repartis en deux grands groupes :
Les HPV à bas risque cancérogène : ils provoquent des verrues génitales ou des condylomes. Exemple : HPV 6 et 11.
Les HPV à haut risque cancérogène : ils sont susceptibles de provoquer des lésions précancéreuses puis cancéreuses. Exemple : HPV 16,18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 66 et 68.
Parmi les virus HPV à haut risque, les génotypes HPV 16 et 18 sont les plus fréquents. Ils sont retrouvés dans 70 % des cancers du col de l’utérus et ont la réputation d’être les plus agressifs parmi les virus HPV. Il faut tout de même relativiser ce risque car 80 à 90 % de ces infections à HPV sont passagères et régressent spontanément sans même de traitement.
Le fait de porter un virus HPV 16, 18 ou un autre, ne veut pas obligatoirement dire qu’il existe une lésion précancéreuse ou un cancer.
La contamination par l’HPV se fait quasiment toujours par voie sexuelle, au cours d’un rapport sexuel vaginal, oral ou anal, même sans pénétration. Le papillomavirus se transmettent le plus souvent au début de la vie sexuelle.
L’infection à HPV correspond à l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente. Plus de la moitié des jeunes filles ont été au contact du virus HPV 4 ans après le début de leurs relations sexuelles.
Une transmission manuportée ou par du linge ou vêtements infectés à été également décrite mais reste très exceptionnelle.
Le virus peut rester inactif dans les tissus pendant de nombreuses années. La contamination n’est donc pas forcément le fait du partenaire actuel.
Le préservatif ne protège pas complètement contre ce virus.
Une infection à HPV se résorbe spontanément dans plus de 80 % des cas, y compris en l’absence de traitement (phénomène appelé « clairance virale »). Environ 70 % des infections se résorbent spontanément un an après l’infection par le HPV et 90 % deux ans après l’infection.
Les anomalies cytologiques observées sur le frottis cervico-utérin disparaissent dans les mêmes délais.
Certains facteurs favorisent le passage de l’infection à la chronicité (facteurs dits « cofacteurs »). La persistance dans le temps d’une infection à HPV oncogène et la présence de ces cofacteurs augmente le risque de survenue d’un cancer du col utérin.
Ces cofacteurs sont :
Dans les 10% des cas où l’infection devient persistante, elle peut conduire à terme provoquer plusieurs types de cancers : col de l’utérus, vagin, vulve, anus, pénis, et également certains cancers de l’oropharynx, notamment des amygdales.
Les risques liés à une infection à HPV varient selon le génotype du papillomavirus. Certains ne comportent aucun risque ; d’autres entrainent des manifestations bénignes comme des verrues sur la peau ou des condylomes ; d’autres virus, peuvent provoquer des lésions précancéreuses, ou des cancers dont le plus fréquent est le cancer du col de l’utérus.
L’association d’un frottis anormal et de la détection de virus HPV 16 et/ou HPV 18 sur le typage viral doit conduire à la réalisation d’une colposcopie.
De même, un test HPV positif au HPV 16 et/ou HPV 18 associé à un frottis cervico-utérin anormal doit également conduire à la réalisation d’une colposcopie.
Enfin, la persistance d’un test HPV positif pendant 1 an et d’un frottis cervico-utérin normal doit conduire elle aussi à la réalisation d’une colposcopie.
Lorsque l’on est porteuse d’une simple infection à HPV ou d’une lésion précancéreuse du col de l’utérus, y compris aux génotypes HPV 16 et 18, il n’est pas nécessaire de se protéger par l’utilisation de préservatifs lorsque l’on a une relation fixe et régulière. En effet, il a été démontré que l’utilisation de préservatifs dans ce contexte ne modifiait en rien l’histoire naturelle de l’infection.
La protection aux préservatifs est en revanche recommandée en cas de verrues génitales ou de relations non stables, tout en sachant que le préservatif n’empêche pas à 100% la transmission du virus HPV compte tenu de son mode de transmission (passage possible autour du préservatif ou par contact manuporté).
Pour les mêmes raisons et dans les mêmes conditions, il n’est pas recommandé d’examiner le partenaire lorsque l’on est porteuse d’une simple infection à HPV ou d’une lésion précancéreuse du col de l’utérus, y compris aux génotypes HPV 16 et 18. En effet, il a été démontré que l’examen du partenaire dans ce contexte ne modifiait en rien pas l’histoire naturelle de l’infection.
L’examen du partenaire est en revanche recommandé en cas de verrues génitales ou lorsque le partenaire a l’impression d’avoir des lésions anormales sur son sexe.
La prévention contre les infections à HPV repose sur la vaccination des adolescentes et des adolescents, sur le dépistage du cancer du col de l’utérus par le frottis cervico-utérin et le test HPV entre l’âge de 25 et 65 ans, ainsi que sur la protection par préservatif en cas de relations sexuelles à risque.