Le 23 février 2021 les autorités australiennes de la banlieue de Melbourne ont émis une alerte sanitaire après la découverte de plusieurs cas d’ulcère de Buruli.
Deux faits nouveaux ont fait tirer la sonnette d’alarme : d’une part, plusieurs cas d’infection ont été rapportés sur une courte période de temps et dans plusieurs villes du pays, et d’autre part, pour la première fois, cette bactérie rare a été détectée dans une zone non-côtière de l’Australie.
Devant la recrudescence récente du nombre de cas rapportés dans la péninsule de Mornington en Australie, Doctinet fait une mise au point sur une étrange bactérie mangeuse de chair.
L’ulcère de Buruli est une infection cutanée humaine due à une mycobactérie présente dans l’environnement et appelée Mycobacterium ulcerans.
L’ulcère de Buruli est une maladie émergente. Pour l’Organisation mondiale de la santé animale, une maladie émergente est “une infection nouvelle, causée par l’évolution ou la modification d’un agent pathogène ou d’un parasite existant, qui se traduit par un changement d’hôtes, de vecteurs, de pathogénicité ou de souche.” Il peut s’agir également d’une maladie infectieuse non encore signalée.
L’ulcère de Buruli est une zoonose. Les zoonoses sont des maladies ou infections qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et vice-versa. Les agents pathogènes en cause peuvent être des bactéries, des virus, des parasites (protozoaires, cestodes, trématodes, nématodes), des champignons microscopiques ou des agents non conventionnels comme le prion. La transmission de ces maladies se fait soit directement, lors d’un contact entre un animal et un être humain, soit indirectement par voie alimentaire ou par l’intermédiaire d’un vecteur (insecte, arachnides…).
D’après l’Organisation mondiale de la santé animale :
Les zoonoses affecteraient chaque année dans le monde 2,4 milliards d’humains et en feraient mourir 2,2 millions.
L’ulcère de Buruli a été reconnu pour la première fois en 1897 à Buruli Country en Ouganda.
C’est la mycobactériose la plus fréquemment rencontrée actuellement après la tuberculose et devant la lèpre dans un grand nombre de pays de la zone intertropicale, notamment en Afrique centrale et Afrique de l’Ouest.
Des cas autochtones de la maladie ont été à ce jour rapportés dans au moins 33 pays différents repartis en Afrique, en Amérique du Sud, en Australie et dans le Pacifique occidental.
Le contact et/ou l’inoculation de cette bactérie dans la peau sont à l’origine de destructions tissulaires chroniques causées par la toxine mycolactone produite par le Mycobacterium ulcerans. Cette toxine a pour particularité a la fois de provoquer des lésions tissulaires et d’inhiber la réponse immunitaire.
À ce stade, le mode exact de transmission du Mycobacterium ulcerans demeure inconnu et fait encore l’objet de recherches. Il semble toutefois qu’il s’agisse d’une zoonose dont l’animal réservoir est un marsupial, l’opossum, et l’animal vecteur un moustique entré en contact avec les excréments contenant les bactéries évacuées par ce dernier puis venant les inoculer à l’espèce humaine.
Opossum
La maladie n’est pas transmissible d’une personne à l’autre et il n’y a aucune preuve de transmission des opossums directement aux humains.
L’ulcère de Buruli est infection chronique nécrosante de la peau qui commence généralement par un nodule, une plaque ou un œdème qui se transforme progressivement en ulcère. L’infection survient essentiellement aux membres inférieurs et aux bras (35% dans les membres supérieurs, 55% dans les membres inférieurs et 10% dans d’autres parties du corps). Avec le temps, le nodule peut entraîner une destruction massive des tissus allant jusqu’à l’os, une gangrène et des déformations débilitantes. Les premières manifestations cliniques ne sont pas spécifiques et peuvent faire croire à une simple insolation. La maladie évolue ensuite lentement. De nombreuses personnes touchées ne cherchent pas à se faire soigner tant qu’il n’y a pas de nécrose cutanée majeure nécessitant une intervention chirurgicale importante et une hospitalisation prolongée…
La maladie constitue une source de handicap moteur, de défiguration et d’invalidité importante en Afrique.
Plusieurs formes cliniques sont décrites, classée en 3 catégories en fonction de leur gravité :
Plusieurs méthodes permettent de confirmer le diagnostic d’Ulcère de Buruli : culture de la bactérie et son observation au microscope ; utilisation de techniques d’amplification de l’ADN connues sous le nom de PCR (polymerase chain reaction).
Si l’infection est détectée suffisamment tôt, elle peut être soignée.
L’OMS recommande désormais une cure de 8 semaines d’une double antibiothérapie orale, à base de rifampicine (10 mg/kg une fois par jour) et de clarithromycine (7,5 mg/kg deux fois par jour).
En plus des antibiotiques administrés pour tuer les mycobactéries, des pansements à base de mousse et de composé hydrogel sont désormais appliqués sur les ulcères de Buruli pour nettoyer et guérir les plaies, mais aussi prévenir la douleur et les saignements associés aux compresses de gaze.
En cas d’une forme avancée, le traitement repose sur l’excision chirurgicale de l’ulcère et la greffe cutanée réparatrice.
Aucun vaccin n’existe à ce jour contre l’ulcère de Buruli.
La sensibilisation et l’information permanente des populations vivant dans les zones endémiques reste en conséquence la principale option. Elle repose sur de simples mesures préventives :
Selon de nombreux spécialistes, la fréquence et la gravité de maladies émergentes évoluant vers des épidémies mondiales pourraient bien s’accélérer dans les années à venir, en raison de notre mode de vie et des capacités adaptatives des virus.
Les explications données par les spécialistes sont :
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Promedmail : Buruli ulcer – Australia: (VI) increasing incidence