Nombreuses sont les femmes qui remarquent l’apparition de troubles ou perturbations des règles faisant suite à la vaccination anti COVID-19. Mais y-a-t-il réellement un lien de cause à effet entre ces deux événements ?
Alors que le variant Omicron prend rapidement la place du variant Delta du SARS-Cov-2 la campagne de rappel de vaccination contre le Covid-19 s’accélère.
Cet article ne constitue pas une étude scientifique mais une petite revue de la littérature qui sera régulièrement mise à jour au vu des dernières publications sur le sujet.
Les règles, encore appelées menstruations ou flux menstruel, correspondent à un écoulement sanguin provenant de l’utérus et s’extériorisant par la vulve qui se produit régulièrement, de manière cyclique. Le premier jour du cycle de la femme correspond au premier jour des règles.
Les règles apparaissent pour la première fois au moment de la puberté (premières règles survenant entre l’âge de 10 et 16 ans), et pour la dernière fois au moment de la ménopause (autour de l’âge de 51 ans).
L’écoulement des règles dur habituellement entre 3 et 7 jours. Son abondance normale varie de 5 à 25 ml.
Les règles s’arrêtent de manière physiologique et normale pendant la grossesse et la ménopause.
Le cycle menstruel est habituellement régulier, d’environ 28 jours (de 26 à 34 jours pour la majorité des femmes). Le cycle peut être irrégulier de manière physiologique et normale lors de la puberté ou de la péri ménopause, période précédant l’arrêt définitif des règles. Ces deux périodes de début et de la fin de la période génitale peuvent varier de quelques semaines à plusieurs années. Parfois, de légères douleurs pelviennes à type de crampes peuvent précéder l’arrivée des règles ou les accompagner pendant les premiers jours. Il en est de même pour la survenue de légers troubles de l’humeur.
De nombreuses femmes rapportent sur les réseaux sociaux ou en consultation gynécologique la survenue de troubles menstruels à la suite d’une vaccination anti COVID-19 par le vaccin Pfizer BioNTech (Comirnaty) ou Moderna (Spikevax), tous les deux vaccins à ARN messager (ARN-m). Ces troubles sont rapportés aussi bien après la première injection qu’après la deuxième injection.
Mais le fait de déclarer ses troubles du cycle sur TikTok, Facebook, Instagram ou Twitter à la suite d’une vaccination anti COVID-19 constitue-t-elle une preuve scientifique de relation de cause à effet ?
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) est plutôt rassurante après l’étude de plus de 4400 cas d’effets indésirables liés aux troubles des cycles menstruels survenus après vaccination par Pfizer BioNTech et Moderna rapportés jusqu’au 4 novembre 2021.
Selon l’ANSM, « l’évolution est spontanément favorable en quelques jours pour la grande majorité des cas » et « Nous ne pouvons pas à ce jour établir de lien entre la vaccination et les troubles menstruels, les causes de ces troubles pouvant être multiples. ».
L’ANSM déclare le 21 décembre 2021 que « A ce jour, les données disponibles ne permettent pas de déterminer le lien direct entre le vaccin et la survenue de ces troubles du cycle menstruel. Ces évènements restent sous surveillance. ».
Un lien de cause à effet n’est donc à ce jour pas confirmé sur le plan statistique, mais toutefois, l’ANSM considère du fait de ces nombreux signalements que les troubles du cycle menstruel constatés après la vaccination contre le COVID-19 constituent un signal potentiel. Cela signifie qu’il y a des remontées d’un effet indésirable, sans que cela ne corresponde à quelque chose de statistiquement significatif. Si le personnel soignant ou des personnes vaccinées déclarent des effets secondaires venant de se rajouter à ceux déjà déclarés, l’ANSM pourra diligenter une enquête, mais il appartiendra aux équipes universitaires d’étudier le sujet afin d’en expliquer les mécanismes. L’ANSM a par ailleurs effectué un signalement à l’Agence européenne des médicaments (EMA) qui a déclaré de son côté « qu’aucun lien de cause à effet n’a été établi à ce stade entre les vaccins contre le COVID-19 et les troubles menstruels » mais qui a toutefois demandé des données supplémentaires aux laboratoires pharmaceutiques et continue à analyser la littérature scientifique.
A ce jour, les troubles menstruels ne font pas partie des effets secondaires probables des vaccins en question.
Les hormones qui contrôlent le cycle menstruel peuvent varier d’un cycle à un autre. Ces variations peuvent être liées à un choc émotionnel, à un stress, au régime alimentaire, à une prise médicamenteuse, à l’oublie d’une pilule contraceptive, à la survenue d’un syndrome grippal… à toutes autres causes que l’on peut rencontrer dans la vie de tous les jours et qui n’ont aucun rapport avec la vaccination contre le COVID-19.
Un trouble du cycle peut également constituer le premier symptôme d’une pathologie gynécologique préexistante et découverte fortuitement après la vaccination, comme un polype utérin, un fibrome utérin ou un trouble hormonal, qui n’ont là aussi logiquement rien à voir avec la vaccination.
Lors d’un cycle menstruel normal, plusieurs cellules du système immunitaire ont un rôle à la fois dans la formation et dans l’élimination de l’endomètre, la muqueuse utérine, qui desquame au moment des règles.
Le boost immunitaire apporté par la vaccination pourrait probablement jouer un rôle dans la perturbation passagère de ces mécanismes.
Ces recommandations sont celles de l’ANSM.
Devant tout symptôme de troubles menstruels :
Image par Steve Buissinne de Pixabay