L’âge moyen du début des schizophrénies fait que ce groupe de maladies concerne essentiellement l’adulte jeune.
L’hétérogénéité de ce groupe d’affections fait qu’au-delà des formes classiques largement majoritaires, il existe quelques cas particuliers touchant d’autres âges de la vie.
On parle de schizophrénie à début précoce lorsque l’épisode psychotique débute durant l’adolescence, c’est-à-dire avant 18 ans. Et dans de cas rares cas, il a pu être évoqué des schizophrénies débutant durant l’enfance, c’est-à-dire avant 13 ans.
On distingue aujourd’hui ces schizophrénies infantiles d’autres troubles psychotiques se développant durant l’enfance, en particulier de ce qu’on appelle les troubles envahissants du développement, mais aussi des autismes.
L’enjeu de la connaissance de ces formes précoces réside bien évidemment dans la mise en place le plus précocement possible d’une prise en charge adaptée, afin d’améliorer un pronostic malheureusement sévère, d’autant plus sévère s’il existe un retard diagnostic.
La prévalence des schizophrénies est grossièrement de l’ordre d’1 %. Parmi celles-ci, on considère qu’environ 20 % débutent avant 19 ans.
La schizophrénie est d’autant plus rare qu’elle débute tôt : 1 % des décompensations débutent avant 10 ans, le pourcentage grimpant à 4 % pour des troubles débutant avant 15 ans.
Le sexe ratio est largement masculin prédominant, et plus le début est précoce, plus il s’accentue.
Un des points remarquables de cette affection est l’existence avec une grande fréquence, bien plus fréquemment que dans les formes adultes, de signes cliniques prémorbides représentant des éléments de vulnérabilité schizophrénique (c’est-à-dire représentant des facteurs de risque de développement d’une affection).
Bien entendu, ces signes ne sont pas obligatoires ni spécifiques, mais participent à l’évocation du diagnostic lors de l’émergence des signes cliniques de la maladie constituée.
On retrouve de façon diversement associée :
Enfin, la présence d’antécédents familiaux de pathologies psychiatriques sévères, et en particulier l’existence d’une schizophrénie, se retrouve avec une forte fréquence, constituant un élément de vulnérabilité notable.
On reconnaît plusieurs formes cliniques selon l’existence forte ou pas de signes prémorbides.
La présentation clinique rejoint fortement celle décrite chez l’adulte.
Le début est souvent insidieux chez l’enfant, alors qu’au contraire le début sera majoritairement bruyant chez l’adolescent. En fait, plus le début est précoce et plus la frontière entre le normal et le pathologique est floue.
Si la symptomatologie est assez proche, il existe néanmoins quelques particularités selon l’âge du début.
En effet, il existe peu d’idées délirantes chez l’enfant et le délire concerne surtout la « perte d’identité », les transformations corporelles et la persécution.
Les hallucinations sont fréquentes, surtout verbales, apparaissant au-delà de 7 ans. Elles représentent même le symptôme le plus fréquent.
La dimension négative est intense chez le jeune enfant et chez le grand adolescent. Seulement l’existence d’éléments dépressifs fréquents complique parfois la compréhension des manifestations symptomatiques présentées par le sujet.
Il peut exister par ailleurs un état d’agitation psychomotrice qui pourrait faire prendre à tort une décompensation schizophrénique pour un TDAH.
La question d’un continuum entre autisme et certaines formes de schizophrénies demeure d’actualité. L’autisme, pour de nombreux auteurs, pourrait représenter un facteur de risque de développer ultérieurement une schizophrénie, malgré de récents travaux qui sembleraient minorer ce risque.
Ces formes sont atypiques dans leurs présentations.
Parmi les éléments d’organicité on peut retrouver des anomalies chromosomiques (en particulier une microdélétion 22q11), mais aussi des anomalies métaboliques, des infections. L’abus de substances psychotropes représente également un piège chez l’adolescent en particulier.
Les éléments qui doivent faire suspecter une certaine organicité comportent :
Cette suspicion d’organicité impose la réalisation d’examens complémentaires tels qu’une IRM cérébrale, une enquête génétique, un bilan biologique et la recherche de toxiques.
L’évolution de ces formes précoces est de pronostic sombre, imposant une prise en charge spécialisée et souvent institutionnelle. Le pronostic est d’autant plus péjoratif qu’il existe un début insidieux, que le début est très précoce et que la durée de l’épisode inaugural est importante, essentiellement en raison des risques de retard diagnostique et donc de retard thérapeutique.
La prise en charge thérapeutique sera détaillée dans un prochain article.