La complexité de cette affection réside essentiellement dans son diagnostic, pas dans ses formes classiques ou typiques, mais plutôt dans le cadre des troubles de faible retentissement personnel ou de faible intensité, qui pourraient être compris comme une timidité plutôt qu’une véritable maladie relevant d’un traitement approprié.
On doit définir le trouble « phobie sociale » ainsi :
Une peur persistante et intense d’une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui.
Le sujet craint d’agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante.
L’exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d’une Attaque de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s) ou de performance redoutée(s) perturbent de façon importante les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
Pour les individus de moins de 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est d’au moins 6 mois.
La peur ou le comportement d’évitement ne sont pas liés aux effets physiologiques directs d’une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (par exemple le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite est indépendante de ces troubles.
Il s’agit d’une pathologie fréquente puisqu’on reconnaît environ 6,5 % de personnes atteintes dans la population générale, mais probablement sous-diagnostiquée en raison des difficultés diagnostiques précitées et en raison des conduites d’évitement des situations d’examen médical.
Les conséquences de cette affection sont toujours très importantes, elle est responsable d’un véritable handicap social.
En plus de cette complexité diagnostique, la phobie s’accompagne fréquemment d’autres troubles psychiques qui renforcent la sévérité et le caractère invalidant de cette pathologie, mais qui peuvent aussi contribuer à faire errer le diagnostic.
Une fois sur deux, il existe un état dépressif majeur (EDM) associé, mais aussi d’autres phobies telles qu’une agoraphobie (peur des espaces ouverts, de la foule, des grands espaces) donnant souvent un aspect de « phobie généralisée » plutôt qu’un trouble phobique spécifique.
Les conduites d’alcoolisations chroniques sont également fréquentes.
Enfin, les « passages à l’acte auto-agressifs » responsables de tentatives de suicide sont malheureusement également relativement fréquents (15 % des cas).
Les retentissements de la phobie sociale sont également sévères. On peut citer :
La prise en charge de la phobie sociale relève de deux types de traitements, d’efficacité reconnue, et qui peuvent être combinés :
Les Thérapies Cognitivo-Comportementales ou TCC (qui visent à modifier les comportements inappropriés et les pensées inadaptées) ont démontré leur efficacité dans le traitement de la phobie sociale.
L’apprentissage de comportements sociaux adaptés (savoir se présenter, parler calmement et distinctement,…), la simulation par jeux de rôle des situations sociales évitées (demander son chemin, aller à une soirée,…) et leur réintroduction progressive (on parle « d’exposition » ou « d’immersion ») dans la vie du patient favorisent la mise en place de relations sociales plus satisfaisantes.
Le traitement médicamenteux relève d’un traitement antidépresseur de type IRS (Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine), ou IRSNA (Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine et de la Noradrénaline).
Dans de très nombreux cas, on retrouve une automédication par des anxiolytiques benzodiazépiniques, ce qui n’a pas d’intérêt curatif véritable, sauf dans le cadre d’urgence anxieuse aigüe.
Cette fréquente surcharge thérapeutique par l’entremise de ces types de psychotropes étant parfois responsable d’une véritable addiction pénalisante.
La sévérité globale de cette pathologie tient de :
Par ailleurs, il apparaît que de nombreux de patients accèdent assez tardivement à une prise en charge thérapeutique spécifique, ce qui renforce d’autant plus la sévérité de ce trouble.