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Les épicondylites : traitement ostéopathique

Dr Raduszynski Ivan10 novembre 2014

Généralités

Les douleurs de la face externe du coude sont couramment appelées « tennis elbow », mais elles ne sont pas l’apanage du sportif et peuvent être provoquées par certains gestes répétitifs de la vie quotidienne ou certaines activités professionnelles. La souris d’ordinateur est de plus en plus souvent incriminée dans son origine, mais il peut s’agir de bricolage ou de jardinage. Globalement, une proportion équivalente d’hommes et de femmes est concernée par ce problème, pouvant parfois revêtir un caractère chronique et rebelle aux traitements usuels.

La cause la plus fréquente est l’inflammation du tendon commun des muscles épicondyliens à son insertion osseuse, mais ce n’est pas la seule cause. Le rôle du médecin est avant tout de savoir en reconnaître l’origine, car pour certaines d’entre elles les manipulations articulaires sont très intéressantes. Ces dernières sont désormais reconnues sous la dénomination de Médecine Manuelle-Ostéopathie.

Un interrogatoire et un examen clinique programmé minutieux sont nécessaires et souvent suffisants pour faire ce diagnostic. Les examens radiologiques peuvent constituer une aide utile mais sont rarement obligatoires. Ils restent toutefois indispensables pour l’analyse du rachis cervical avant toute manipulation vertébrale, afin d’éliminer une éventuelle contre-indication.

Nous décrirons plus en détail les tableaux cliniques correspondant aux diagnostics accessibles à l’ostéopathie, ainsi que les conduites thérapeutiques correspondantes.

Les tableaux cliniques

Cinq diagnostics principaux sont à retenir :

  • Une tendinite d’insertion des épicondyliens (épicondylite vraie). C’est la cause la plus fréquente chez le sportif. Liée à l’hyper-utilisation des muscles extenseurs du poignet et des doigts (côté qui tient la raquette chez le joueur de tennis, côté gauche chez un golfeur droitier), l’atteinte du tendon du long extenseur radial est la plus souvent rencontrée.
  • Une dysfonction mécanique articulaire huméro-radiale ou radio-cubitale supérieure est rencontrée plus souvent chez le sujet non sportif. Elle est liée à des mouvements répétitifs de prono-supination (vissage, serrage, taille-haie…) qui aboutissent à des contraintes anormales sur ces articulations.
  • Une douleur projetée d’origine cervicale basse, dénommée pseudo-tendinite épicondylienne, et reliée à une dysfonction mécanique des vertèbres cervicales basses C5-C6 ou C6-C7. Celle-ci peut engendrer une hypersensibilité du tissu téno-périosté qui accompagne en général une douleur cervicale.
  • Un syndrome du défilé thoraco-brachial, pouvant parfois donner une douleur isolée de la face externe du coude, mais en règle générale associée à un cortège d’autres signes. Ce syndrome découle de l’irritation du paquet vasculo-nerveux dans le défilé inter-scalénique.
  • Enfin, une épicondylalgie neurogène, beaucoup plus rare, liée à la compression de la branche postérieure du nerf radial par l’aponévrose du muscle court supinateur.

L’épicondylalgie articulaire

Elle correspond à un dérangement articulaire huméro-radial ou de l’articulation radio-cubitale supérieure et fait suite à des mouvements forcés et répétés du coude. Parfois, on observe cette épicondylalgie dans les suites d’une entorse du ligament latéral externe du coude.

Diagnostic

L’examen clinique retrouve une douleur à la palpation du coude dont le siège est situé légèrement plus bas que l’épicondyle, au niveau-même de l’interligne articulaire huméro-radiale ou bien sur le pourtour de la tête radiale. Il faut alors étudier la mobilité active, passive et contrariée du coude. La mobilité active est généralement normale. Les contractions contre résistance sont indolores: on ne retrouve pas les signes cardinaux de tendinite.

L’étude de la mobilité passive constitue le temps fondamental de l’examen clinique. On évalue la mobilité passive en flexion-extension, en prono-supination, coude fléchi et également en varus-valgus, sur un coude légèrement déverrouillé, afin d’en apprécier le jeu latéral. Mais surtout, on étudie les petits mouvements dits « mineurs » : glissement passif antéro-postérieur et inféro-supérieur de la tête radiale par rapport à la petite cavité sigmoïde du cubitus que l’on stabilise.

Tous ces tests de mobilité seront effectués très soigneusement, de manière bilatérale et comparative, sur un sujet relâché, en évitant de provoquer la moindre douleur. La technicité du médecin-ostéopathe est un élément majeur de la fiabilité du diagnostic.

Dans les suites d’entorse du coude, on assiste à une phase de cicatrisation capsulo-ligamentaire qui aboutit à des rétractions, voire à une fibrose tissulaire localisée. Dans les atteintes micro-traumatiques, on note un dysfonctionnement par incarcération d’une frange. Quel que soit le mécanisme, il se produit une restriction partielle du jeu physiologique du coude qui aboutit à une augmentation des contraintes articulaires sur le cartilage et ensuite à une douleur. Le médecin-ostéopathe caractérise cette restriction de mobilité de manière spécifique selon le ou les mouvements mineurs limités.

Traitement ostéopathique

Il découle bien sûr du type de dysfonction, et donc des tests spécifiques de mobilité. Le traitement vise la restitution de la fonction articulaire par ajustement de la dysfonction qui a été retrouvée. On effectuera dans ce but une ou plusieurs manipulations articulaires adaptées, après mobilisations et étirements rythmiques des tissus mous péri-articulaires.

Les manipulations articulaires indiquées devront obéir de manière stricte à la règle de la non-douleur. Toute mise en tension douloureuse contre-indique la manipulation.

Exemples de techniques de manipulations ostéopathiques en images

correction tete radiale anterieure

Tête radiale antérieure: manipulation en flexion-supination

correction tete radiale posterieure

Tête radiale postérieure (la plus fréquente):manipulation en extension-pronation

correction tete radiale inferieure

Subluxation inférieure: manipulation en inclinaison radiale du poignet

correction tete radiale superieure

 Défaut de décoaptation (tête radiale « supérieure »): manipulation en décoapatation axiale

Quel que soit le cas de figure, il ne faudra pas omettre l’examen du poignet et de la radio-cubitale inférieure, articulations mécaniquement liées à la radio-cubitale supérieure ainsi que l’examen de l’épaule du patient.

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