La trichotillomanie consiste en l’arrachage compulsif des cheveux, des poils ou des sourcils pouvant aboutir à une alopécie plus ou moins importante. Il s’agit d’une addiction gestuelle.
Ce trouble touche principalement les femmes. Sa prévalence estimée est de 2 %. Cependant, il est difficile de bien évaluer l’occurrence de ce trouble qui est méconnu, caché et vécu comme honteux.
Il apparaît principalement à l’adolescence ou à la préadolescence (c’est-à-dire juste avant la puberté). On retrouve un autre pic de fréquence chez les petits enfants comme dans les troubles alimentaires.
Cet arrachage se fait plutôt en fin de journée. Il a comme fonction de purger la tension que suscitent certaines activités qui nécessitent de l’attention comme lire, téléphoner, regarder la télévision, travailler à l’ordinateur, réviser ses cours, etc. Cet épluchage est une fausse bonne solution pour s’apaiser. Cet arrachage se fait soit de façon méthodique soit sous forme de crise (craving) dans un état de semi-conscience où la personne part dans un vagabondage pour se reconnecter à la réalité en constatant le tas de cheveux à ses pieds.
Le craving est une envie furieuse, irrépressible de faire un comportement addictif comme fumer, boire, manger ou s’arracher les cheveux.
Les cheveux arrachés sont soit jetés sur place, cassés en deux ou mis en boule. De nombreuses personnes s’arrachent les cheveux pour avoir le plaisir de croquer le bulbe.
Ce trouble est vécu comme honteux car il sort de la compréhension des personnes qui en souffrent alors qu’elles vont bien par ailleurs.
On retrouve une comorbidité de la trichotillomanie avec les troubles de l’attention, la procrastination et plus rarement avec les troubles bipolaires. Ces comorbidités sont à traiter en priorité afin de diminuer les facteurs de vulnérabilité au comportement de trichotillomanie.
Ce trouble est particulièrement méconnu des psychiatres comme des dermatologues. En fait, il s’agit d’un comportement d’auto-toilettage (comme les singes qui s’épouillent), habituellement absent chez les hommes, qui se réveille à l’occasion d’une tension. La simple confrontation avec l’adolescence qui est un moment où la jeune femme se retrouve confrontée à des vagues émotionnelles qui peuvent la dépasser, suffit à déclencher une trichotillomanie ce d’autant qu’elle ne sait pas comment s’apaiser.
L’apprentissage de l’apaisement se fait notamment par les contacts tactiles que les parents procurent à leur nourrisson. Il a été observé que les personnes souffrant de trichotillomanie avaient eu des parents qui avaient plutôt privilégié une relation intellectuelle avec leur bébé qu’une relation via le toucher avec des câlins.
Comme le trouble est extrêmement toxicomaniaque, il peut persister pendant de nombreuses années alors que les facteurs qui ont généré son apparition ont disparu depuis longtemps et évolué sous une forme de stéréotypie.
Au final, il faut comprendre ce trouble comme une fausse bonne solution pour s’apaiser et pour purger les tensions générées par le simple fait de vivre.
Il ne s’agit pas d’un trouble grave mais d’un trouble handicapant car il peut avoir des répercussions sociales. En effet, les patientes vont passer des heures le matin afin de masquer les trous et vont éviter les situations où elles peuvent être “découvertes” comme la piscine, le vent, la mer, etc.
Ce trouble extrêmement toxicomaniaque peut durer des dizaines d’années en l’absence de traitement.
Le traitement de la trichotillomanie suit le parcours du traitement du tabac et de l’alcool. C’est un long parcours émaillé de rechutes dont la compréhension sert à améliorer la relation à soi. L’objectif n’est pas de guérir mais d’être “trichotillomane abstinente”. Dans un premier temps, il sera nécessaire de dédramatiser la pathologie pour le patient et son entourage. Ensuite, on va travailler la zen attitude.