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La gonarthrose

Dr Reverdy-Bazin Caroline21 février 2016

Généralités

L’articulation du genou est une articulation portante qui est très fréquemment touchée par l’arthrose, habituellement au-delà de 55-60 ans mais elle peut se développer chez des sujets plus jeunes. L’arthrose est une dégradation du cartilage, qui peut toucher les différentes articulations du genou : fémorotibiale (entre le fémur et le tibia) interne ou externe, et fémoropatellaire (entre le fémur et la rotule). Ses mécanismes d’apparition ne sont pas totalement élucidés et sont le sujet d‘études très nombreuses.

Facteurs de risque

Elle survient plus fréquemment en cas de déformation des membres inférieurs comme le genu varum (les jambes arquées) ou l’inverse, le genu valgum, en cas d’antécédent de lésion méniscale opérée (c’est pour cela que les chirurgiens n’opèrent les ménisques que si il n’y a pas d’autre solution, et en cherchant à préserver le plus possible le ménisque).

Les lésions des ligaments croisés peuvent parfois être responsable d’une instabilité du genou avec des mouvements anormaux dans l’articulation qui peuvent accélérer l’altération du cartilage.

Le lien avec le surpoids a été montré, à la fois par une cause mécanique : le poids appliqué sur l’articulation est plus important, mais également par le fait que l’obésité s’associe à des mécanismes inflammatoires responsables de la dégradation du cartilage.

Symptômes

La gonarthrose peut rester longtemps silencieuse et se manifester seulement à un stade déjà évolué, ou au contraire être douloureuse alors que le cartilage est encore peu dégradé.

Quand elle est symptomatique, elle se manifeste par des douleurs du genou le plus souvent à la marche, dans les escaliers, en se levant d’une chaise. Elle est parfois également douloureuse la nuit en cas de poussée congestive.

Elle peut s’associer à un gonflement plus ou moins important du genou lié à la sécrétion inhabituelle de liquide dans l’articulation. Ce liquide passe parfois à la face postérieure de l’articulation et forme un kyste poplité ressenti comme une boule derrière le genou.

Son évolution est variable : elle peut évoluer très lentement, par crises douloureuses intermittentes, ou parfois par une gêne simplement lors d’une marche prolongée ou devenir très invalidante et évoluer rapidement, responsable alors d’un handicap de plus important que l’on peut coter à l’aide de questionnaires.

Diagnostic

Les radiographies sont tout à fait suffisantes pour le diagnostic d’arthrose du genou. Elles permettent de voir les pincements articulaires, les ostéophytes (constructions osseuses réactionnelles), la déformation de l’axe du genou.

Gonarthrose femorotibiale externe

Gonarthrose fémorotibiale externe

L’IRM ne fait habituellement pas partie du bilan d’une arthrose du genou. On n’y aura recours que lorsqu’il existe une franche discordance entre la radio et les symptômes, pour rechercher une complication osseuse (ostéonécrose, fissure de contrainte), une lésion méniscale instable.

Traitements


Les traitements médicamenteux

Ils associent des médicaments antalgiques (contre la douleur) : le paracétamol, médicament de palier 1, qui est le plus souvent utilisé. On peut avoir recours à des antalgiques de palier 2, plus puissants, qui associent au paracétamol de la codéine, ou du tramadol, ou de la poudre d’opium. Les médicaments de palier 3 (morphine) sont très rarement utilisés.

On peut utiliser par cures courtes des médicaments anti-inflammatoires, à condition qu’ils puissent être associés aux autres traitements que vous prenez par ailleurs (il faut éviter l’association à l’aspirine par exemple, souvent prise en continu pour la prévention des maladies cardiovasculaires).

Les médicaments anti-arthrosiques sont également utilisés dans certains cas. Ils ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale. Il vaut mieux préférer les médicaments vendus en pharmacie que ceux qui vous sont vantés sur internet ou par courrier, vous promettant à tort des résultats miraculeux.

Il est également possible d’avoir recours à des traitements locaux du genou


  • Ponction évacuatrice de l’articulation ou du kyste poplité ;
  • Injection d’un dérivé corticoïde, appelée communément infiltration ;
  • Injection d’acide hyaluronique dans l’articulation que l’on peut réaliser une fois par an, en 3 injections espacées d’une semaine environ ou en une seule injection. Il n’est pas nécessaire de répéter ces injections tous les ans, elles ne sont à recommencer que si le genou fait de nouveau mal.

Les traitements non médicamenteux


  • La marche à pied : le fait de marcher tous les jours 30 minutes est important, sauf en période de poussée douloureuse. Cela permet le plus souvent au genou d’être moins algique.
  • L’entretien des muscles stabilisateurs du genou : un genou qui est bien tenu par les muscles qui l’entourent sera plus stable et moins algique. Il faut pour cela faire de la marche, donc, associée à des exercices simples, exécutés très régulièrement, que vous pouvez faire vous-même à votre domicile, après les avoir appris à l’aide de schémas ou par un kinésithérapeute.
  • La perte de poids : il peut suffire de perdre simplement 5% de son poids corporel pour obtenir une diminution de la douleur mais il faudra en perdre plus en cas d’obésité. On peut rappeler à cette occasion que pour perdre du poids, il ne faut pas faire un régime mais qu’il faut changer définitivement son mode alimentaire, sinon on reprend le poids perdu dès qu’on arrête le régime, aboutissant alors à un yoyo du poids vite désespérant.
  • Le chaussage : il est important de porter des chaussures avec une semelle amortissante, en crêpe ou caoutchouc, qui amortit les petits chocs lors de la marche. C’est souvent plus facile pour les chaussures d’homme mais on en trouve également en cherchant bien pour les femmes.

Le traitement chirurgical

On a recours au traitement chirurgical lorsque les traitements ci-dessus ne suffisent plus et que le patient est très handicapé. C’est toujours le patient qui prendra bien sûr la décision ou non de se faire opérer et en général, le patient est demandeur lorsque effectivement son genou est tellement usé que la chirurgie est justifiée.

Le chirurgien peut parfois proposer une ostéotomie, qui permet de redresser l’axe des membres et de l’articulation pour soulager la partie douloureuse du genou, cela peut permettre de gagner quelques années avant d’en arriver à la prothèse. L’ostéotomie est maintenant moins souvent proposée grâce à l’avancée permise par les prothèses unicompartimentales qui ne remplacent que le compartiment douloureux, interne ou externe du genou avec une reprise de la marche qui se fait rapidement Cependant, le genou peut-être globalement endommagé et nécessiter une prothèse totale du genou dont la récupération est cependant également très bien réglée.

Les types de prothèse de cette articulation très complexe qu’est le genou sont de plus en plus sophistiqués et de mieux en mieux conçus. La récupération après prothèse du genou fait de plus en plus de progrès, les causes de douleurs après prothèse sont de mieux en mieux prévenues, et si la prothèse du genou n’a pas encore des suites aussi simples que la prothèse de hanche, elle en prend le chemin grâce aux progrès réalisés.

La rééducation après la prothèse de genou est indispensable, dispensée chez un kinésithérapeute près du domicile ou lors d’un séjour de 4 à 5 semaines en maison de rééducation.

La reprise de certains sports sera possible et même recommandée : marche, golf, vélo, natation par exemple.

Il est également possible pour certains de reprendre une activité physique pratiquée auparavant : randonnée (l’utilisation de bâtons de marche est préconisée), tennis (le pratiquer alors en double et sur terre battue), voire ski de fond ou ski alpin (pistes faciles).

Crédit photo

Image par Dr. Manuel González Reyes de Pixabay

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