L’amaurose fugace, du grec « Amaurosis » : s’obscurcir, est aussi appelée cécité monoculaire transitoire. Il s’agit d’un déficit brutal de la vision, régressif en moins de dix minutes dans la majorité des cas. Il s’agit parfois d’une cécité totale, mais aussi parfois d’un flou visuel, d’une amputation verticale ou horizontale du champ de vision, ou encore d’images surajoutées (lumières brutales, lignes en zig-zag, taches de couleurs…). Dans la majorité des cas, le symptôme a déjà disparu à l’arrivée du patient aux urgences, ce qui rend parfois le diagnostic difficile, mais ne doit pas faire hésiter, en effet l’amélioration de la vision peut masquer une pathologie sous-jacente parfois grave.
Il s’agit d’une urgence : il existe un risque de survenue d’accident ischémique constitué de la rétine (appelé occlusion de l’artère centrale), du nerf optique, ou même cérébral (AVC). Certaines causes nécessitent un traitement rapide, dans le but de prévenir une aggravation, ou une cécité définitive.
Un tel symptôme doit vous pousser à consulter sans délai aux urgences les plus proches.
Si le trouble de la vision est associé à d’autres signes, comme la faiblesse d’un membre, des difficultés à vous exprimer, ou des troubles de conscience, il peut s’agir d’un Accident Vasculaire Cérébral, le SAMU (15) doit alors être contacté immédiatement.
Elles dépendent de l’âge et du profil du patient. Il existe typiquement deux types de patients, l’un plutôt âgé, aux antécédents de diabète, hypertension, élévation du cholestérol et athérosclérose (dépôts sur la paroi des artères) ; ou au contraire un patient plus jeune, présentant une anomalie de la coagulation, une valve cardiaque, ou bien une consommation de drogues.
Certains patients présentant une maladie des vaisseaux (vascularite), ou un Lupus, peuvent expérimenter ce type de symptômes, il s’agit dans tous les cas d’une aggravation ou d’une modification de la maladie, devant faire consulter en urgence, même si la maladie est connue.
Les principales causes à redouter sont vasculaires : surtout de type emboliques (un caillot empêche la bonne circulation du sang dans un vaisseau), ou parfois liées à un déficit de perfusion d’un organe (le sang arrive avec un débit trop faible par le vaisseau, l’empêchant de fonctionner correctement).
Les autres causes que le médecin devra évoquer sont les problèmes oculaires à proprement parler (pathologie d’une structure de l’œil : kératite, blépharite, glaucome…), ou neurologiques (migraines, œdème, tumeur intra-crânienne entre autres diagnostics).
Le médecin éliminera d’abord les causes les plus graves (Accident vasculaire, occlusion de l’artère centrale de la rétine, neuropathie optique ischémique antérieure, Maladie de Horton ou Lupus par exemple.), au profit des causes moins graves (Migraines, Hypotension…).
Il est important de fournir au médecin tous les éléments de votre dossier médical pouvant l’aider à faire le diagnostic, notamment si vous avez des antécédents d’hypertension, de diabète, d’infarctus du myocarde, ou d’élévation du cholestérol par exemple.
Le docteur évaluera la nature du trouble en fonction de vos antécédents et de votre âge, de la fréquence et de la durée du trouble visuel, ainsi que de son type (flou, brouillard, taches de couleurs ou de lumière, noir complet…) et de l’atteinte d’un œil ou des deux.
Précisez au médecin si d’autres symptômes sont associés ou si des évènements notables sont apparus dans les jours précédents. Une liste de vos traitements lui sera utile, informez-le en cas de modification récente.
Un examen clinique complet sera réalisé (notamment tension artérielle, rythme cardiaque, palpation des artères temporales et auscultation…), ainsi qu’un examen soigneux des deux yeux et de la rétine.
Afin de préciser le diagnostic, des examens de laboratoire et parfois radiologiques seront réalisés en fonction de l’hypothèse diagnostique retenue : un électrocardiogramme (enregistrement du rythme cardiaque), une échographie-Doppler des artères carotides, ainsi que parfois un scanner ou une IRM.
Une pathologie des vaisseaux devra faire réaliser un bilan cardiaque complet (Échographie, voire coronarographie) face au risque d’infarctus du myocarde associé dans ce contexte.
La suite de votre prise en charge dépendra de la cause de la perte de vision ainsi que de son évolution. Un traitement peut être mis en place par anticoagulants ou aspirine en cas de caillot. Dans certains cas, comme la maladie de Horton qui touche plutôt les personnes de plus de 60 ans, un traitement par corticoïdes peut être nécessaire. Ces traitements seront à prendre pour une longue durée, voire parfois à vie, afin d’éviter le risque de récidive.
Les autres pathologies (diabète, hypercholestérolémie…) devront être soigneusement traitées, et un bilan cardiologique ainsi que neurologique peut parfois être indiqué.
Dans les cas graves, une hospitalisation voire une chirurgie sera parfois recommandée. Dans tous les cas une vigilance constante à vie sera de mise, de la part du médecin et du patient face au risque de récidive ou à l’apparition de nouveaux symptômes.