La folie d’amour chaste ou érotomanie est une maladie est rentrée dans le domaine populaire, comme de nombreuses autres affections psychiatriques, paradoxalement sous des aspects légers et grivois malgré la sévérité et la gravité de son pronostic.
L’érotomane, femme trivialement vécue comme un fantasme masculin assez fréquent, est régulièrement connotée de façon « excitante » et sexuelle, ce qui ne représente absolument pas sa définition médicale, comme nous allons le voir.
Cette maladie a été clairement identifiée et définie par un psychiatre français, Gaëtan de Clérambaud, au début du XIXe siècle.
Elle se définit aisément par trois signes cliniques cardinaux :
On comprend dès lors que ces caractéristiques sont de nature à refroidir les plus belles ardeurs fantasmatiques de tout Roméo en puissance !
Ce délire d’amour chaste comporte également d’autres caractéristiques intéressantes.
La personne aimée est souvent une personne socialement inaccessible, de haute stature publique (star, hommes puissants socialement, .. .) comme des notables locaux ou, depuis la médiatisation, des hommes fortement médiatisés.
Le mécanisme délirant est fait d’interprétations de « preuves physiques d’amour émanant de l’être aimé » (tels des sourires, des contacts physiques furtifs…) mais barrées, contrariées par la pression sociale, le statut marital éventuel de l’objet d’amour (homme public marié…), la nécessité de demeurer masqué.
Cela s’accompagne également d’une multiplication effrénée des contacts avec la personne aimée, surveillance de ses moindres faits et gestes, photos volées, connaissance de sa vie privée dans les moindres détails, suivie… d’un « harcèlement » à distance et caché.
Cette activité délirante est parfois surchargée par des hallucinations auditives, toujours marquées par des propos amoureux contrariés.
Cette affection touche essentiellement les femmes, sans particularité d’âge.
On retrouve une évolution classique en trois phases consécutives :
Cette pathologie est classée dans les délires passionnels, paranoïaques évoluant en secteur, c’est-à-dire épargnant d’autres secteurs psychiques.
C’est une pathologie rare.
Le pronostic demeure péjoratif avec des « traitements » très prolongés d’efficacité modeste.
Parmi les diagnostics différentiels, on retrouve :
La conduite à tenir est variable, essentiellement selon la phase de la maladie, les traitements s’intensifiant avec l’avancement de la maladie, pouvant aller jusqu’à des hospitalisations sous contrainte en raison de la dangerosité de ces patientes, tant vis-à-vis d’elles-mêmes que vis-à-vis d’autrui.
Les traitements sont peu efficaces, basés sur des médicaments anti-délirants appelés également antipsychotiques, associés à une prise en charge psychothérapique également souvent insatisfaisante et aléatoire.
Les complications sont essentiellement de nature auto-agressive (suicide) ou hétéro-agressive (actes criminels).